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Planifier collectivement

La planification est cruciale pour toute démarche collective. Elle permet le passage d’une vision commune à l’action.

La planification est un processus nourri d’une réflexion collective. Elle permet d’identifier des cibles de changement et d’organiser les efforts.

Pourquoi planifier?

La planification a de nombreuses vertus. Elle est le trait d’union entre la réflexion et l’action. Elle peut répondre à différents besoins et aspirations d’une démarche collective. Par exemple:

  • se mettre en action face aux défis vécus dans notre collectivité;
  • influencer des changements en cours dans notre collectivité;
  • saisir des opportunités de développement;
  • clarifier ou redéfinir les rôles des différentes parties prenantes;
  • trouver des manières originales d’atteindre les objectifs;
  • utiliser les ressources avec efficacité;
  • prévoir les problèmes et élaborer des moyens de répondre aux besoins futurs;
  • obtenir l’engagement des acteurs concernés et les amener à travailler ensemble vers des objectifs communs.

Bien qu’un processus de planification puisse aider à cheminer sur tous ces objectifs, il importe de s’entendre sur nos objectifs collectifs avant de plonger.

Les objectifs principaux d’un exercice de planification peuvent varier d’une démarche à l’autre en fonction de ses besoins et de son contexte. Pour ce faire, il est souhaitable de s’appuyer sur une bonne lecture de sa collectivité.

Vigilance! Il peut être prématuré pour une démarche collective de se lancer dans un exercice de planification stratégique. Notamment si les acteurs apprennent tout juste à se connaître et à bâtir des relations de confiance. L’historique et la dynamique de collaboration influencent ainsi les besoins et la capacité d’une collectivité à planifier collectivement.

Planifier quoi?

La planification est un processus ponctué de moments collectifs significatifs. Des moments de lecture, des moments de dialogue, des moments de décisions collectives, des moments d’opérationnalisation et des moments de structuration de la gouvernance.

Il s’agit également d’un processus en continu. De plus en plus, on observe qu’une bonne planification doit être vivante. Elle doit évoluer pour s’adapter aux besoins de la démarche collective, ses opportunités et ses contraintes. En contexte de grandes turbulences, la planification doit être particulièrement souple et agile (voir section «Comment rester souples et agiles?»).

Il est intéressant de distinguer différentes formes de planification, bien qu’elles soient intimement liées les unes aux autres.

 

Planification stratégique

Planification opérationnelle

Planification de la gouvernance

À quoi ça sert?

Se doter de grandes orientations

Se doter d’un plan d’action

Se doter d’une structure pour décider et agir ensemble

Principaux objets

- Vision commune

- Valeurs ou principes fondamentaux

- Cibles de changement,  priorités ou grands objectifs

- Stratégies ou approches privilégiées

- Grands jalons de la démarche collective

- Objectifs spécifiques

- Moyens/actions choisis

- Porteurs/ responsables des actions

- Contributions/ ressources nécessaires

- Échéancier

-Rôles et responsabilités des parties prenantes

- Organigramme des comités

- Mécanismes de prise de décision collective

- Mécanismes de communications et de liaison

- Calendrier des grandes rencontres1

Quelques conditions gagnantes

- Mettre en place un processus inclusif et mobilisant

- S’assurer que tout est clair pour tous

- Faire des choix et non tout mettre

- Avoir une vision long terme et des cibles et stratégies sur 3 ans maximum

- Prévoir de manière réaliste

- Prendre en considération la capacité d’agir collective et celle des porteurs d’actions

- Avoir un bon taux d’engagement au préalable pour mobiliser les contributions

- Ajouter du temps de réalisation pour réussir à faire les choses collectivement

- Avoir de bons mécanismes de suivi et d’ajustement

- Être plus précis pour 6 mois - 1 an et ajuster régulièrement

- Mettre en place un processus inclusif et mobilisant

-  Aborder les enjeux de pouvoir, au lieu de les taire

-  Permettre des niveaux de contribution variés

- Diversifier les modes de communication

- S’assurer que le mode de fonctionnement est bien compris par tous et qu’il le demeure

- S’assurer d’avoir les bonnes personnes à la bonne place, selon les compétences et expertises attendues

Chacune de ces formes de planification est importante et permet à une démarche collective de s’organiser pour agir ensemble. Le processus de planification peut s’avérer de longue haleine. En ce sens, l’exercice de planification requiert lui aussi d’être planifié!

En théorie, l’exercice paraît linéaire. Il est d’usage de commencer par la planification stratégique. En pratique, on réalise qu’entrer par une forme ou l’autre de planification nous mène généralement aux autres. Par exemple :

  • Se poser la question de la gouvernance mène à se questionner sur ce que l’on souhaite faire ensemble.
  • Élaborer un plan d’action invite à se doter d’une gouvernance appropriée.

On peut ainsi travailler les trois formes de planification dans l’ordre ou dans le désordre, sur une période plus ou moins longue. L’important, c’est de construire un processus qui permette de franchir ensemble de grands jalons.

Pour établir ces jalons, il est conseillé de nouveau de s’appuyer sur les besoins les plus urgents de la démarche collective, les défis vécus, les opportunités et les contraintes. Cette lecture permet d’identifier quoi planifier en priorité ou par où commencer pour mobiliser les parties prenantes. Une bonne lecture de la collectivité est une clé!

1. Il est conseillé de se doter d’une séquence de rencontres pour faire avancer le travail collectif. Il s’agit d’un cycle de gestion de la planification. On souhaite y retrouver quelle instance (petite ou grande) doit faire quoi dans quel ordre pour que la machine fonctionne bien. Il est souhaitable d’y inscrire le type de rencontres et la fréquence de celles-ci. Cet outil permet à la coordination de faire avancer efficacement le travail collectif, et aux partenaires de bien saisir l’interdépendance entre les différents comités.

Définir ses cibles et ses stratégies – Planification stratégique

Une vision claire et partagée de ce qu’on souhaite réaliser ensemble et du changement que l’on souhaite pour notre collectivité est un atout précieux. Alors qu’il s’agit d’une des conditions les plus importantes pour rester mobiliser et garder le cap, c’est malheureusement l’une des choses que l’on a tendance à perdre de vue rapidement, dans le feu de l’action.

On observe deux grandes tendances dans les exercices de planification stratégique. Elles ne sont pas complètement distinctes. Certaines activités et certains produits sont les mêmes. L’idée ici est de distinguer l’intention première d’un tel exercice.

  • Un exercice axé sur la vision et le sens. Un tel exercice permet de jeter les bases communes, «les fondamentaux», autour desquels les actrices et acteurs souhaitent se réunir. Une vision partagée du changement souhaité, des éléments de philosophie/principes/approches/valeurs et des cibles à court/moyen termes sont généralement les socles qui permettent l’engagement des parties prenantes dans la démarche. Il s’agit de mettre en lumière le fil qui unit les actrices et acteurs.
  • Un exercice axé sur l’organisation des efforts. Fortement inspiré de la planification stratégique organisationnelle, l’exercice est centré sur l’établissement de priorités d’action. On y retrouve la vision et les cibles, ainsi que les actions et les indicateurs de suivi, généralement présentés sous forme de tableau. Cette forme de planification a fait ses preuves, mais a aussi démontré de nombreuses limites dans l’action. Plus le temps passe, plus ce genre d’outil semble devenir désuet et mal adapté à la planification dans des contextes dynamiques.

Dans une perspective de développement collectif, nous observons que les exercices qui se branchent sur le sens et arrivent à établir l’essentiel sont plus porteurs. Une telle planification permet à la démarche collective de diminuer la perception de lourdeur et de complexité, en misant sur la clarté et une vision partagée. Elle permet également aux différentes parties prenantes de repérer plus facilement les contributions possibles. Enfin, un plan d’action annuel permet ensuite d’organiser l’action et la suivre.

La participation est au cœur de l’élaboration d’une bonne planification stratégique. Lorsque les parties prenantes, dont ceux et celles qui auront à mettre en œuvre les actions, participent à l’élaboration de la stratégie, les chances de succès sont significativement augmentées. Leur participation assure l’intégration de leurs perspectives et de leurs connaissances. La participation développe également un plus fort sentiment d’adhésion.

Avant de se lancer dans un exercice de planification stratégique, rappelons :

Pour vous soutenir dans vos exercices de planification stratégique, voici différents outils pertinents :

Planifier ses actions – Planification opérationnelle

La planification des opérations permet de traduire la vision et les intentions en capacité d’agir concrète. Cet exercice permet de préciser les ressources requises, l’organisation du travail, les différents mandats et les organisations qui les porteront. Ces informations sont le plus souvent colligées dans un plan d’action.

Dans une perspective de développement collectif, le processus implique de nouveau la participation des différents acteurs et actrice de la collectivité. La participation favorise la mobilisation des individus, des organisations et des ressources, ainsi que l’appropriation des cibles communes.

Les actions menées par une démarche collective peuvent être de différentes natures. Le plan d’action peut assembler des actions menées par différents porteurs au sein de la collectivité, pour agir sur les cibles communes. La démarche collective, comme acteur collectif, peut aussi mener des actions. Les projets collectifs ne sont pas l’unique voie d’une planification collective! 

  • Nous vous invitons à consulter Jouer différents rôles pour vous orienter et vous inspirer : réseautage et communication, cohérence et complémentarité, réalisation de projets collectifs, renforcement des compétences, positionnement et influence.

Voici sommairement ce qui est traité lors de la planification des opérations:

  • Préciser les objectifs spécifiques à atteindre et les indicateurs de réalisation.
  • Définir les ressources humaines et financières nécessaires et valider leur disponibilité.
  • Partager le travail, préciser les rôles et définir les attentes – Utiliser des ententes de collaboration2 plus formelles au besoin.
  • Identifier les compétences requises et mettre en place des moyens pour les acquérir (formation, recrutement, distribution des rôles).
  • Définir les modes de coordination, de participation, de suivi et de communication du projet ou de l’action, en lien avec la gouvernance globale de la démarche collective.

Voici quelques outils pour vous guider dans la réalisation d’un plan d’action:

Ces outils d’animation permettront à votre démarche collective de plonger dans la planification : Le plan de match, Go/No go, Le pitch d’ascenseur, La formule défi, Les stocks,  La chaîne d’idées et Pige dans le lac.

2. Surtout utile quand un acteur collectif est imputable de l’utilisation d’un budget collectif via un fiduciaire et qu’une partie de celui-ci est confiée à certains porteurs désignés pour la mise en œuvre d’actions. Voici un gabarit développé par Avenir d’enfants pour soutenir la rédaction de telles ententes entre un fiduciaire et un porteur d’action.

Planifier la structure collective – Planification de la gouvernance

L’action collective menée par des actrices et acteurs d’un territoire ou d’une collectivité peut être d’ampleurs variées. Des acteurs peuvent s’unir temporairement pour une action ciblée. Les mécanismes de décision, de suivi et de communication y sont relativement simples et souvent informels.

Dès lors qu’une démarche collective s’engage dans une planification stratégique et une planification des opérations, la gouvernance doit suivre cette évolution. Au fil des ans, la gouvernance d’une démarche évolue avec ses besoins, ses défis, ses opportunités et ses contraintes.

Pour soutenir le déploiement de l’action, les structures de la gouvernance doivent être adaptées en conséquence. Au fil du temps, il faut savoir faire le deuil de certaines instances pour en créer de nouvelles. Il s’agit d’un défi, puisqu’on a souvent tendance à voir les structures de gouvernance comme permanentes.

À noter! Faire évoluer une gouvernance implique généralement des changements dans les rapports de pouvoir et d’influence.

Selon la volonté de la démarche et ses finalités, la gouvernance peut être le moteur de l’action ou la structure qui la soutient.

  • Cas type # 1: dans une perspective qui amène à équilibrer les dynamiques de pouvoir, comme dans un collectif ou une organisation en autogestion, la gouvernance est primordiale. La mise en place d’une gouvernance collective, horizontale et fortement participative est le cœur même de l’action collective. Les actions découlent ensuite de la mise en place de cette gouvernance et de la mobilisation qu’elle génère et des volontés qui s’y expriment.
  • Cas type # 2: dans une perspective opérationnelle ou fonctionnelle, la gouvernance met en place les mécanismes nécessaires à la réalisation des actions collectives. Bien qu’elle facilite l’agir ensemble, la gouvernance est pensée pour soutenir l’action.

La planification de la gouvernance ne se fera généralement pas au même moment dans ces deux cas de figure. La gouvernance pouvant être prévue en premier dans le premier cas ou en dernier dans le deuxième. Bien sûr, dans la pratique, plusieurs démarches composent avec des modèles qui allient les deux types.

Dans tous les cas, l’idée est d’établir une gouvernance réellement collective. Engager les parties prenantes aux différentes étapes de développement collectif :

  • est gage d’une plus grande cohérence;
  • clarifie et maximise les contributions des acteurs et suscite leur implication;
  • permet aux actrices et acteurs d’être porteurs de la mémoire et de comprendre ce qui est visé et comment le faire;
  • aide à faire acheminer les informations significatives aux « bonnes » personnes et réduire la pression sur les mécanismes de communication plus formels.

Vu l’importance et la complexité d’établir un mode de gouvernance dans le cadre d’une démarche collective, nous avons un module entièrement dédié au sujet.

Comment rester souples et agiles?

On parle beaucoup de souplesse, d’agilité et d’adaptation lorsqu’on aborde la question de la planification. Il est maintenant reconnu que les planifications ne sont pas des documents figés dans le temps si l’on souhaite vraiment qu’elles soient utiles. La planification doit identifier les fondements et laisser de la marge de manœuvre pour s’ajuster en fonction de l’évolution du contexte.

Qui a déjà réalisé exactement ce qui était prévu la 5e année d’une planification de 5 ans? C’est quasi-impossible. Comme de nombreux changements surviennent dans nos environnements, à grande vitesse, la planification stratégique requiert des ajustements en cours de route.

Le plan d’action qui découle généralement de la planification stratégique devient alors un outil de travail. Il doit être ajusté au fur et à mesure que des imprévus se manifestent.

Une planification stratégique peut donner la fausse impression que les étapes pour se rendre à destination sont connues comme sur une carte routière. Savoir reconnaître les zones de plus grandes incertitudes devient une capacité importante pour augmenter ses chances d’atteindre sa cible.

Voici quelques conditions favorables pour garder souplesse et agilité :

  • Avoir un fort taux d’adhésion sur le changement souhaité et les cibles
    Lorsque des actrices et acteurs sont principalement unis autour d’un plan d’action, les ajustements et les adaptations viennent souvent secouer le consensus établi. Quand l’engagement est fondé sur le changement souhaité et des cibles rassembleuses, il y a plus de place pour diversifier les moyens pour y arriver, avec un moindre impact sur le consensus.
  • Suivre le changement et l’atteinte des cibles
    Dans le même esprit, le choix de ce que l’on doit suivre est important. Suivre l’atteinte du changement souhaité et des grandes cibles rassembleuses permet aux actrices et acteurs de rester brancher sur le sens et rester plus mobilisés. Un tel suivi sera plus fécond pour se questionner sur l’impact de l’action et identifier les ajustements nécessaires. Les mécanismes d’apprentissage et de communications sont importants pour nourrir cette pratique.
  • Avoir des mécanismes de suivi et d’ajustement officiels
    Qui doit sonner l’alarme si ça ne va plus? Qui décide que l’on doit s’ajuster? Quels indicateurs légitiment qu’on souhaite réorienter l’action? Autant de questions que l’on préfère se poser avant de frapper un mur ou être dans l’urgence.
  • Se donner du temps et des espaces pour prévoir l’imprévisible
    Quand tout est prévu dans le moindre détail et que l’agenda collectif est «bourré», il est vraiment difficile d’absorber les chocs ou les changements. Les tenants de l’agilité invitent à laisser un peu d’air dans les planifications pour avoir de la marge de manœuvre quand l’heure est venue de saisir une opportunité ou de faire face à un défi imprévu.
  • Se permettre d’expérimenter
    Dans un contexte de crise ou de transition, l’expérimentation et la planification sont très complémentaires. On peut dégager de nouveaux repères pour tracer la voie vers la destination souhaitée. Dans la planification, on peut prévoir des espaces d’expérimentations, pour tester de nouvelles formes d’action ou d’intervention et d’apprendre de celles-ci. On peut identifier nos zones d’incertitude et se donner la marge de manœuvre pour essayer. Pour chaque expérimentation, il est idéal de prévoir des boucles de rétroactions courtes ainsi que des mécanismes d’ajustements et de prise de décision efficaces.

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