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Les 9 fonctions de l'accompagnement critique

Lorsqu’en 2021 nous avons choisi de nous donner une intention commune de changement, celle de soutenir l’engagement des communautés territoriales et de l’État dans une transition sociale et écologique (voir notre Schéma de contribution au changement), nous nous sommes bien sûr questionnés sur nos activités, pratiques et approches pour voir dans quelle mesure elles étaient déjà contributives ou non de ce grand changement collectif à opérer..

C’est par la bouche du président de notre conseil d’administration, René Lachapelle, qu’est arrivée cette idée d’accompagnement critique lors d’une rencontre d’orientation en équipe. Selon lui, il était nécessaire de renforcer notre approche d’accompagnement de démarches de développement territorial pour stimuler le changement, pour se permettre d’éclairer davantage les zones d’ombre ou les contradictions et pour lever le voile sur certains enjeux. Nous n’étions pas tout à fait à l’aise avec cet adjectif par ailleurs… Nous craignions qu’il soit trop menaçant et nuise à notre approche complice,  mais jamais être complaisant. Nous l’avons pourtant accepté, même si l'équipe n’était pas au bout de ses échanges et de ses questionnements pour arriver à clarifier ce que cela changerait concrètement dans nos façons de faire.

 

Vous avez dit critique?

Deux sens de l’adjectif critique se sont avérés intéressants pour avancer dans notre réflexion. Le premier renvoie à quelque chose qui correspond à une crise, qui marque un seuil : une situation jugée critique. Mais bien que la crise climatique, et plus largement la crise environnementale, soient effectivement rendues à un point critique, ce n’était pas en ce sens que nous souhaitions décrire notre accompagnement. Le second s’est avéré beaucoup plus pertinent pour nous, à savoir : qui suscite des changements importants. Cela correspondait bien à ce que nous voulions soutenir. Au fil des mois, nous avons « déballé » les fonctions qui peuvent s’activer lors d’un accompagnement qualifié de critique (avec plus ou moins de prégnance selon les contextes et les réalités rencontrées) et les avons clarifiées. Nous travaillons toujours à les explorer, à les vivre à travers nos mandats et à les évaluer en continu.

 

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1. La pensée critique dans une posture éthique

Mobiliser et valoriser les forces et les savoirs des personnes en présence. Cette fonction amène à soulever des questions critiques de façon respectueuse pour susciter de nouvelles perspectives, mettre fin au statu quo ou diminuer les angles morts. Une posture éthique implique une disponibilité, en toute conscience de nos propres lunettes. L’accompagnement s’y construit à travers des relations égalitaires guidées par les effets à court et à long terme de l’intervention.

2. La mobilisation de connaissances

Favoriser l’émergence et l’appropriation de connaissances pour inspirer des pratiques ou corenforcer des capacités. Implique de synthétiser des connaissances issues de différentes méthodes et paradigmes (expérientielles, pratiques, académiques…), de servir d’interprète lorsqu’il existe un décalage entre le vocabulaire des uns et des autres et d’utiliser des dispositifs de diffusion ou d’appropriation adaptés aux profils des acteurs.

3. L’analyse de l’écosystème

Aider à mieux comprendre la complexité des liens et l’interinfluence entre les acteurs et leurs systèmes respectifs. Codévelopper une meilleure compréhension des enjeux ou problématiques (et leurs causes profondes) en lien avec l’histoire du territoire, les effets visés, les autres systèmes en mouvement et les leviers possibles à activer à différents niveaux ou échelles.

4. La structuration de la pensée collective

Synthétiser, nommer et faire sens de ce qui émerge collectivement, identifier ce qui est clair et ce qui reste à clarifier. Favoriser un prochain pas tout en considérant les divergences. Nécessite de la souplesse et une tolérance aux zones moins consensuelles, plus floues ou déstabilisantes, et de proposer des processus impliquant à la fois des phases de divergence et de convergence.

5. La création d’espaces ouverts de dialogue

Aider à la mise en place d’espaces qui permettent l’expression respectueuse et confiante de la divergence des points de vue. On doit être en mesure d’accueillir et d’accompagner les malaises qui sont associés à ces divergences. Implique de ne pas chercher le consensus collectif à tout prix.

6. L’inclusion

Encourager la pleine participation d’une diversité d’acteurs et la création de ponts entre eux, malgré des valeurs ou intérêts parfois éloignés. Chercher à atténuer ou éviter l’appropriation d’espaces collectifs par certains acteurs ou organisations. Favoriser l’engagement authentique au-delà des affiliations à des organisations pour que tout le monde puisse trouver des leviers d’action.

7. La questionnement des rapports de pouvoir

Identifier et mettre en lumière les asymétries dans les rapports de pouvoir et leur impact sur l’intention commune. Ces asymétries peuvent avoir des effets pervers qui vont de la non-reconnaissance de la diversité des expertises à une distribution inéquitable des ressources disponibles. Soulever ces questions favorise l’inclusion autant des groupes de personnes, des idées que des perspectives.

8. La prise de décision difficile et les renoncements

Soulever et clarifier les enjeux de diverses natures derrières les décisions à prendre. Aider à accepter les transformations à mettre en place et les renoncements nécessaires, tant individuels que collectifs. Guider vers des choix éclairés qui tiennent pleinement compte du contexte et des réalités multiples des territoires.

9. Le renforcement des capacités d’agir des leaders

Aider les leaders de démarches à coordonner et à mobiliser les parties prenantes du collectif tout en gérant la complexité et les rapports de pouvoir. Les assister dans la mise en œuvre des stratégies génératives qui répondent aux besoins de l’écosystème en plus d’être bénéfiques aux autres ressources ou interventions sur le territoire. On y gagne sur tous ces plans.

 

 

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