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Dialogues climatiques – Récits du territoire : En tournée dans les communautés !
Dialogues climatiques – Récits du territoire a parcouru les routes pour présenter des œuvres inspirées des récits citoyens.
Pour rappel, le projet est une initiative qui mobilise les communautés locales face aux changements climatiques à travers des dialogues constructifs et participatifs.
Deux communautés, deux histoires
Dans le cadre de ce projet pilote, notre objectif est de tirer le maximum d’apprentissages pour évaluer l’impact des approches artistiques et participatives mises en place. En ouvrant le dialogue sur les changements climatiques à des publics variés, nous souhaitons explorer de nouvelles façons de mobiliser les citoyens et de faire émerger des discussions. L’art et l’engagement citoyen deviennent ici des passerelles qui nous permettent de dépasser les discours habituels.
Pour cela, nous avons collaboré avec des citoyen.ne.s des deux territoires afin d’identifier des voix locales à travers des entrevues. Deux artistes, l’une pour Lanaudière et l’autre pour la Haute-Côte-Nord, ont ensuite créé des œuvres inspirées de ces récits. Ces œuvres, présentées lors de rencontres publiques, ont suscité des discussions animées, parfois intenses, qui ont permis à chacun.e de se questionner et d’explorer des perspectives nouvelles sur leur rapport au territoire, aux enjeux climatiques et surtout aux notions de dialogues collectifs.
Lanaudière : Sortir de la chambre à écho !
Pour la première, à Saint-Gabriel-de-Brandon, plus d’une quarantaine de citoyen.ne.s était réunie afin d’écouter trois contes écrits pour l’occasion. Le lieu, le Bal Maski, a offert un espace chaleureux et propice aux échanges. Très vite, cependant, nous avons constaté que l’audience était assez homogène: des personnes déjà sensibilisées aux enjeux environnementaux.
Les échanges ont rapidement pris une tournure introspective. Un participant a lancé une question qui a résonné avec plusieurs d’entre nous : "Comment fait-on pour élargir nos cercles ? Sortir de notre chambre à écho ? Nous voyons bien que nous sommes déjà pas mal convaincus." Une piste de réflexion: “Peut-être qu’on doit commencer par revisiter nos propres perspectives pour mieux inclure celles des autres ?”
Une citoyenne a ensuite partagé son impression sur un des personnages d’un des contes : "On connaît tous un papa ou grand-papa comme dans le conte. Une personne qui passe par le développement économique de sa communauté. Qui aime faire du bateau, qui trouve que l’asphalte, ça fait propre. Malgré nos idées différentes, autant que nous, il aime sa communauté, mais à sa façon. Peut-être qu’il faut essayer de voir les choses avec ses yeux, comprendre ce qu’il ressent vraiment, si on veut vraiment discuter." Des réflexions intéressantes qui nous amènent à réfléchir à se déconstruire si nous souhaitons ouvrir le dialogue.
En tout, deux représentations ont eu lieu à Lanaudière, permettant à une cinquantaine de personnes de participer aux échanges.
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Haute-Côte-Nord : L’amour du territoire comme point d’ancrage
Sur la Haute-Côte-Nord, le projet s'est déroulé dans un contexte marqué par de fortes préoccupations locales, notamment autour de la protection du caribou et de l’impact économique pour la coopérative forestière, un employeur central dans la région. En explorant les récits des habitants, l’artiste a senti une force qui dépasse les différences : un amour profond du territoire.
Lors des trois représentations, plus de soixante personnes se sont réunies, et les échanges ont révélé de fortes émotions. Un homme d’un certain âge a confié: "On ne parlait pas de notre amour pour la terre comme ça, il y a quarante ans… On faisait ce qu’on avait à faire, sans trop se poser de questions." Cette déclaration a touché tout le monde, un moment suspendu où chacun semblait reconnecté à ce lien avec le territoire.
Un jeune a ensuite exprimé son dilemme : "J’adore mon 4x4, j’adore me promener dans le bois, mais je ne veux pas voir disparaître la neige. Je me demande ce qu’on peut vraiment faire…" Un autre homme lui a répondu avec bienveillance : "On a bâti cette communauté ensemble. Ce qu’on a fait, on peut encore le faire, ensemble. On a travaillé fort."
Enfin, une élue a pris la parole pour conclure : "Notre avenir, c’est nous qui devons le modeler. À nous de nous organiser, de trouver des solutions pour préserver ce qu’on aime ici, tout en respectant ce que chacun de nous ressent."
Des dialogues sincères et porteurs d’espoir
Ce furent des moments doux, touchants, et parfois même bouleversants. Mais aussi des apprentissages importants dans le projet. Les notions de bon ou de méchant, de jugement ou d’incompréhension de l’autre reviennent souvent rapidement. Et ce, même quand on souhaite sincèrement créer des espaces de dialogues. L’urgence d’agir influe sur nos volontés.
Au-delà des divergences, nous partageons un même territoire et nous sommes tou.te.s engagé.e.s, d’une manière ou d’une autre, à affronter ensemble les conséquences de ce qui nous touche collectivement. La résilience de nos communautés se construit dans ces dialogues, dans l’écoute et la compréhension mutuelle.
Je repars de cette tournée avec une émotion forte, imprégné de la conviction que des ponts peuvent réellement se tisser, même si nous avons parfois l’impression de parler dans une chambre d’écho. Chaque rencontre m’a permis d’apprendre, de me questionner sur mes propres biais, et de comprendre l’importance de se déconstruire pour écouter véritablement les autres.
L’heure du bilan
Nous sommes maintenant à l’heure du bilan pour le projet. Plusieurs étapes d’évaluation seront menées, impliquant les citoyen.ne.s, les artistes, ainsi que les porteur.euse.s du projet dans les communautés et au sein de Communagir. Début 2025, nous partagerons avec vous le fruit de nos apprentissages. Restez à l’affût, c’est un rendez-vous à ne pas manquer afin d’inspirer d’autres milieux à créer des dialogues climatiques.
Nadia Cardin